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Embrasse-moi chéri ça suffira 3/5
--> Ce léger sens du détail

Ecrit le 13.04.11 à 02h05 [1ere partie - 2e partie]
Je ne sais plus par quel subterfuge judicieux il a réussi à enclencher le dialogue avec une pas dégourdie telle que moi. Mais peut-être est-ce moi qui ai fait le travail à sa place. Je me souviens, j’avais été tellement surprise qu’il ne rentre pas avec les autres que je lui avais demandé, un peu comme dans un interrogatoire à questions pièges, s’il avait prévu quelque chose après cela, une soirée secrète où il devait se rendre seul…..un rencard quoi…. Il m’avait répondu un truc du genre :
- « Non, rien du tout….. Et vous? Vous comptez aller boire un coup quelque part? »

Ah oui j’oubliais. Ce n’est pas qu’il me vouvoie. C’est mon pote qui ne nous a laissé à tout casser qu’une demi-minute d’intimité avant de venir nous rejoindre se proposer volontiers de tenir la chandelle en y mettant beaucoup d’ardeur. Ce pote qu’on prénommera Jean-Pierre par soucis de lisibilité dans la narration. Donc, où j’en étais. On se regarde avec Jean-Pierre, dubitatifs. Aller boire un coup, c’était éventuellement au programme il y a de ça une heure mais plus vraiment d’actualité. Et histoire de ne vraiment pas saisir les opportunités on laisse sous-entendre à Grand Fou qu’on n’est pas des fêtards en restant le plus flou possible sur un potentiel après. Du coup, le pauvre gars qui avait tenté de s’inviter avec classe et entendant son pavé lancé faire une bombe dans la mare se ravise en expliquant que de toute manière il n’allait pas traîner qu’il fallait qu’il se couche tôt vu que le lendemain il allait jouer pour les 25 ans d’un bar d’un bon ami à lui qu’il serait hébergé dans son manoir toujours squatté par des tas de gens et qu’il n’allait surement pas pouvoir dormir de la nuit. Alors en guise d’au revoir je le remercie de m’avoir fait passer une excellente soirée en la compagnie de ses chansons que je chéris, et la conversation repart pour de nouvelles aventures.
Il en faut peu.

Ce soir Grand Fou est très bavard, friand de petites anecdotes sur son entourage, sur sa vie, son enfance. Je suis pendue à ses lèvres exquises qui s’agitent sans s’épuiser. Il se grille clope sur clope, un pot d’échappement diesel à lui tout seul. On cause dépendances diverses, il avoue boire très peu, pas être fan de drogues, il n’y a que la cigarette, cette plaie, qui lui coûte deux paquets par jour et qu’il est temps pour lui de ralentir la dose. Je lui concède ne jamais y avoir goûté et que j’aimerais préserver cette virginité là, peut-être que dans plusieurs années cela fera de moi un spécimen unique qui sait, il m’indique que dans le fond il en connait pas mal dans mon cas puis réfléchit quelques instants avant d’ajouter :
- « Mais la première fois que l’on s’est rencontrés tu ne fumais pas? »
Comme s’il lui était resté cette image là. Ce léger sens du détail.
Faux, qui plus est. M’enfin.

Moi je me souviens qu’il était sorti sur le pas de la porte de ce petit troquet s’en allumer une en cette nuit pluvieuse, il avait pourtant balancé la précédente pour rerentrer dans la salle avec tout le monde puis ayant attendu que le peuple au complet se soit agglutiné à l’intérieur, il était pratiquement instantanément ressorti s’en griller une deuxième en solitaire. Il n’y avait plus personne dans la rue sauf moi et Aphone. On s’est arrêté de parler pour laisser place au silence intimidant de son être se présentant au mien sans dire mot pour la première fois, oui, la réelle première fois elle était là. Et si j’avais été dehors ce n’était pas pour fumer mais juste, me remettre de toutes ces émotions qui se distillaient en moi. Me remettre de la rencontre.
Mais ça n’a pas marché, la preuve. Puisque je suis encore là.

Du concert, il ne restait plus que nous sur les quais. J’avais toutes ces images qui se fixaient à mes rétines dès lors que Grand Fou s’amusait à dresser les portraits et ça devait s’apercevoir de loin mon sourire béat je me suis fait accoster par tous les clodos du quartier qui avaient alors dû se passer le mot, quand Dine est heureuse elle se laisse facilement dépouiller de toute sa monnaie et elle dirait presque merci. De temps en temps j’arrêtais Grand Fou dans sa course au débit pour lui poser des questions, quelques secondes lors de mes réflexions j’avais la cible de mes orbites qui s’évadait loin derrière -un bout de mur en hauteur, et il ne peut s’empêcher de me le faire remarquer en essayant de trouver le point de chute de mon regard, alors il se tourne, observe le mur, ne comprend pas ce qui me fait bloquer autant, ça me fait rire, mais je ne sais pas si c’est de l’humour, ou de la curiosité de sa part.

On pourrait rester comme ça des heures à se dire qu’on va bientôt partir. Mais c’est un groupe de jeunes qui nous a aidé à franchir le pas. Ils sont arrivés et ont voulu nous faire un battle hiphop, ils se sont mis à rapper sur le même beat pendant cinq minutes sans respirer, champions d’apnée plus que de rimes mais on s’est bien marrés, j’ai vu Grand Fou faire la chorégraphie tout en jetant un œil à sa montre parce que ça commençait à être long et puis quand on a réussi à en voir la fin il a dégainé la phrase que l’on n’attendait plus :
- « Bon ben il se fait tard…je vais y aller… »
- « Ok…bah nous aussi je pense, du coup. »
- « … »
- « … »
- « Vous passez par où, vous? »

Et à Jean-Pierre d’annoncer qu’il va falloir se trouver un taxi. Grand Fou se plaint de la faim, bien qu’il avoue avoir dîné un magret gras gargantuesque. Moi, je n’ai rien avalé évidemment. Mon corps est initialement bien trop nourri à la simple idée de revoir mon idole de chanteur.


[à suivre...]


Ecrit par Dine, le Jeudi 25 Août 2011, 03:53 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

aphone
aphone
25-08-11 à 22:32

Oui ça y est je me souviens, c'est juste que le début de l'histoire ne me disant rien, maintenant c'est bon.
Ah si ce Jean Pierre n'avait pas été là ...
Il a cru que tu fumais parce qu'on était dehors, et là plus part des gens vont dehors pour fumer. Mais tu voulais simplement prendre l'air parce que tu étouffais dans la chaleur de l'endroit. C'est mignon qu'il se souvienne bien. Mais c'est triste que la timidité t'ait paralysée plus d'une fois. C'est une jolie histoire, même si elle est pleine de ratages, elle t'a fait chanter ses chansons, que j'adore écouter, parce qu'il le dit lui-même, tu as une très jolie voix.
Des gros bisous !

 
MangakaDine
MangakaDine
31-08-11 à 19:02

Re:

Des bisous aussi. Dommage de ne pas te croiser sur Paris...