Ecrit le 18.01.12 à 15h20
Il est encore question d’une de ces coïncidences fabuleuses qui me ramènent toujours à la conclusion la plus facile à savoir que nous devons nous rencontrer, vraiment, que nous devons, mettre à profit les correspondances. Faire quelque chose de tous ces hasards jetés par-dessus bord.
Après un énième plan foireux et envisager de passer la soirée à dîner seule dans ce troquet alors que je n’ai jamais tendu l’oreille à l’artiste qui allait se produire en ce lieu, je suis quand même allée à ce premier rendez-vous au même endroit aux alentours des dix huit heures, l’amoureuse de Rom qui fait de très jolies formes monstrueuses devait me présenter ses dessins afin que je l’aiguille sur la marche à suivre. C’est là qu’il a passé le seuil de l’entrée avec son costume bleu-gris rayé, je me suis sincèrement demandé ce qu’il pouvait bien foutre là à une heure de fin d’après midi lorsqu’il est venu nous faire la bise. Je n’ai rien dit à celle qui m’accompagnait et j’ai continué à feuilleter les planches de ses traits fins et distingués lorsqu’il est monté sur la scène avec les autres participer aux balances. Il s’est avancé près du micro et les musiciens ont entonné aux cordes un de ses refrains, et à l’entente des premiers vers ma copine dessinatrice s’est retournée vers moi les yeux écarquillés pour m’annoncer hébétée :
- « m…mais c’est lui! C’est ton….c’est Grand Fou! »
Oui c’est Grand Fou et un an plus tard il est encore sur mon passage. Sur chaque trace de mon parcours, la bande son de mon existence. Je m’y suis fait. Je ne trouve plus cela si romantique.
Et puis. C’est bon j’arrête. La veille, j’ai réussi à localiser le creux de ma solitude. Un point à droite, dans un coin d’omoplate. Je vais pouvoir l’extraire, l’extirper, enfin passer à demain ne plus buter sur les mêmes problématiques. Je vais pouvoir laisser Grand Fou de côté, sans regrets hors normes, disproportionnés, le laisser à sa vie bien remplie et parsemée d’attentions discrètes, je vais pouvoir accepter de n’avoir pas saisi ma chance et fait mon temps à espérer un rebond, un regain, un truc d’un ancien temps pas défini, à espérer, juste. Je laisse Grand Fou de côté, vous savez. Celui dont personne n’arrivera à la cheville. J’irai poser mon regard ailleurs, bien au sol, près de ceux qui paraissent tout petit lorsqu’il est à côté. J’irai poser mon être sur la terre bien ferme et mon oreille contre le bitume écouter ce qui se dit d’en bas. Retrouver les sensations du palpable. Retrouver la cohérence d’une réalité qui ne me ment pas sur la marchandise. Une envie propre à mon corps, et ce que je suis capable d’accueillir. J’ai envie.
Tourner la page et agiter les mouchoirs.
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