Ecrit le 08.04.12 à 04h50
Un beau mardi d’avril, je suis sortie de là avec un peu moins de 50 cm de chevelure partie en fumée qui me dégageait la nuque et me rendait légère. Voilà. C’est ce que j’attendais d’un coiffeur. Qu’il n’ait pas peur de me couper les cheveux. Qu’il me débarrasse de cette figure sage, cette image vue et revue des milliers de fois au détour d’un miroir, je me sens nouvelle. J’ai abandonné 15 années de tignasse, balayée sur le carrelage de l’institut à la fin du rendez-vous. Et derrière moi, les hommes. Ceux qui en voulaient à mes boucles, qui rêvaient de les agripper et les tordre à leur guise. J’ai tiré un trait sur un acquis, comme on peut s’amputer d’une poitrine généreuse. Et ça fait du bien.

Sauf que c’est pire, j’ai l’impression. Mais ce doit être la saison.
J’ai rarement eu à m’expliquer autant sur ce qui ne m’a pas encore permis d’être en couple. La légère différence dans les échanges était que je ne me sentais pas sexuellement dévisagée, juste, belle. Juste belle. Si je pouvais faire en sorte de ne pas être ou ressembler à un produit de consommation, j’en serais réjouie. Si je me sentais capable d’avoir la patience nécessaire…ce serait merveilleux.

J’ai l’intime conviction que comme pour toute chose, l’amour véritable s’acquiert au prix de longs efforts, à la sueur de son front et sur le chemin d’une grande métamorphose de soi. Qu’il faut le mériter, en quelque sorte. Je m’atèle à être une de celles qui sera en mesure de l’obtenir. Je ne sais pas comment, je n’ai pas le mode d’emploi. Mais si déjà je pouvais éviter de me précipiter. Me jeter corps et âme en aveugle dans la gueule du loup, sans avoir pris le temps de connaître la bête, dessiner ses contours, l’appréhender, l’apprivoiser, comprendre ce qui nous lie. Ce serait un point de départ.

On peut dire que plus d’une fois, je me suis fait marcher dessus. Qu’on m’a utilisée et salie. Que je me suis laissé faire. Que je n’ai pas rencontré les bonnes personnes dans la vie.

Moi je trouve que les gens sont gentils avec moi. Aussi. Que les mauvais côtés sont au plus aussi mauvais que le sont les bons. Et que je connais des êtres formidables. En ce moment, le partage avec autrui se fait d’une manière douce, les rencontres, contemplatives, au coin d’un joli paysage, les discussions, émouvantes, les remises en question, mutuelles. J’aime l’expression spontanée mais intérieure de nos sensibilités exacerbées. Et toutes les surprises que le vent m’amène. J’ai confiance en ce que l’avenir me réserve. Je me sens devenir quelqu’un qui s’améliore. Doucement. Peut-être d’une façon trop lascive. J’ai le sentiment d’être quand même un peu seule dans la direction que j’ai choisie d’emprunter. Mais ce n’est pas si grave dans l’immédiat. Les gens comprendront, une fois le travail accompli. Une fois les fruits récoltés, où je voulais en venir.
J’en reste persuadée.