Ecrit le 08.07.11 à 02h35
"Mon amour, tu me manques
 Ca fait un bout de temps
 Que tu te planques
 Que j’ai pas vu à l’horizon
 Se pointer ton minois mignon"


Mon amour, tu me manques, et même que je n’aurais pas dû te nommer ainsi, et même que je ne le ferai sûrement jamais. Pas de nouvelles, depuis. Deux semaines. C’est rien deux semaines. Il s’est passé tellement de choses depuis que tu n’es pas là. Il ne faut pas trop que j’y repense. A ce mail en suspend auquel tu ne répondras pas. A ces élans que j’ai freinés au bord du précipice qui m’ont fait rater le coche, trébucher mon saut me rétamer au fond du gouffre de mes espérances et j’avais tellement envie d’y croire. Grand Fou, que deviens-tu? As-tu emménagé sur Paris?

Peut-être alors qu’à mon prochain voyage je pourrai cette fois-ci réellement t’y croiser par hasard. Et qu’est-ce que je ferai, hein. Je dirai quoi. Je ne sais même pas si j’aurai le courage de courir après toi dans la rue. Présenter mon visage à tes rétines et sourire comme si rien n’était, n’avait été. Mais tu me manques. Je ne t’ai pas connu. Ne t’ai pas laissé m’apprivoiser. Tu sais, avec moi, faut pas y aller de main morte, faut même un peu pousser le bouchon pour obtenir le point gagnant. Je ne sais pas pourquoi j’écris tout ça. C’est trop tard n’est-ce pas. Je ne peux plus rien, à part ressentir ce manque là. C’est-ce qui m’est autorisé. Pleurer sur ton fantôme ces larmes qui ne veulent pas couler. Bon sang, j’aimerais pester à la terre entière de grandes phrases amères et meurtries. Mais tout ce qui me vient à l’esprit, ce que je me retiens de crier très fort c’est. C’est dommage. Ca ne se crie pas très fort un c’est dommage. Ca se hausse les épaules en soupirant, c’est tout.

Tu me manques et c’est dommage. J’avais le cœur qui palpitait à ton écoute. Comme si tu étais mon docteur, tes chansons le stéthoscope. Je nous sentais si proches de toutes ces choses que l’on avait à exprimer en commun. J’aurais voulu au moins une fois que l’on fredonne à deux, sur les quais de la Seine, ça aurait pu être un air à toi, ou à d’autres, on aurait marché ensemble, j’aurais aimé te prendre la main. Mais c’est inutile. Je dois cesser de m’agripper à ton image, mon prince de l’amour au romantisme discret. J’aurais été ta Lara Croft toi mon beau mon fort mon Shaft. Je ne suis que celle qui s’imagine mille contextes pour une seule fin improbable.

Tu sais le soleil se couchait et dans mon ennui estival j’ai appris au piano cette chanson qui n’était pas la tienne. Je m’en suis voulue, un peu. De tromper ta musique. D’infidéliser tes notes, tes refrains, tes mots. Depuis que je suis rentrée de la capitale, je n’y ai pas touché. Ce laps de temps si long sans frôler ton univers. Ca ressemble à ça, ma rupture. Ce pacte invisible qui me liait à toi par tes textes pinçants et bien pensés. J’ai déchiré chacune des lettres de chacune de tes syllabes. En répétant merci. Merci de m’avoir accompagnée durant cet instant moteur. Merci à tes inspirations qui m’ont nourrie. A ton être brillant qui a souvent rendu visite à mes rêves. Je ne peux pas t’oublier tout de suite. Tu penses bien, je n’ai pas encore balayé à ma porte. Ni vraiment baissé les bras. Mais ça viendra. J’effacerai peu à peu mes certitudes.
Personne n’arrivera à la cheville du Grand Fou, personne.

"Mon amour, tu me manques
 J’ai même oublié ton nom
 Ton souvenir est une calanque
 Tout mon corps un chiffon"