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Mise en veilleuse
--> Je n'ai plus d'amour. Je n'ai plus d'amis. J'ai perdu du sens.

Ecrit le 06.09.10 à 02h30
Il manque quelque chose. A mes textes, à mes musiques, à la scène. Ce n’est peut-être pas en mélangeant les arts que je comblerai les lacunes, finalement. Et si j’approfondissais les timbres? Etoffais les pistes. Rajoutais des voix. Ou une clarté dans le son. Quelque chose de pur. Non surjoué. Il n’y a pas forcément besoin d’humour pour détendre une atmosphère. Si on entre dans la musique. Si on fait voyager.
Si on fait voyager, on a le droit de se taire?
J’aimerais ne pas avoir à parler, ni même ouvrir les yeux. Juste jouer. Etre dedans.

Cette année l’inspiration ne m’a pas amené grand-chose. Mais je sais que c’est en partie à cause des contextes. De ma non solitude. De moi, mon piano et jamais un instant pour causer en tête à tête. J’ai besoin d’intimité. Au moins pour me remettre en question. J’ai si peur que l’on ne me suive pas. Que l’on ne fasse pas confiance en mes éclairs. Je carbure à l’illumination.

Aujourd’hui je n’ai plus d’amour. Je n’ai plus d’amis. J’ai perdu du sens. De la consistance. C’est une blessure. Elle m’a vidée de beaucoup de sang, et s’en allant avec, pas mal d‘impuretés. Si je m’en remets, j’aurai un corps propre pour repartir sur de meilleures bases. En attendant, je trépigne du pied n’ayant pas assimilé que sur ce chemin, personne ne pourra marcher à ma place.

Je ne dois pas abandonner l’idée de repartir en Italie. Avec mon sac et mes idées à murir. Je n’ai jamais réellement voyagé avec moi-même. Ce n’est pas que je n’aime pas ma propre compagnie, c’est juste que j’ai toujours été persuadée que les souvenirs se forgeaient à deux, que sans ça, ils ne pouvaient avoir de réelle consistance. Qu’il fallait qu’ils se partagent, soient un secret qui se communique, pas un monologue intérieur.

Mais je le vois bien, ce n’est pas ce que l’instant me demande.
Je n’ai plus d’amour. Je n’ai plus d’amis. J’ai perdu du sens.
C’était bien ce que j’avais sincèrement souhaité, quelques mois plus tôt, non?

Grandir.

Devenir une adulte capable de s’auto suffire, entraîner les sujets qui fâchent. Se détacher des dépendances afin d’apercevoir le véritable sens. Alors oui, aujourd’hui la substance est fade, je croque la vie à pleines dents et aucun goût ne se dilue dans mes papilles. Mes batteries du moment sont toutes tombées à plat. Volontairement. C’est une démission, elles sont allées voir ailleurs ou n’ont simplement plus eu besoin de moi. Un comble, hein. La batterie, ça seconde l’objet, si elle lâche on la change.
Mais qu’elle se détruise d’elle-même…..

J’ai toujours eu l’habitude que l’on me charge, du plus lointain de mes souvenirs. Mais peut-être que je n’avais jamais réellement osé me dévisser le couvercle. De peur de me rendre compte que depuis le début, je n’avais pas besoin d’énergie annexe pour fonctionner.


Ecrit par Dine, le Vendredi 11 Février 2011, 17:40 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

stupidchick
stupidchick
11-02-11 à 18:02

"Il manque quelque chose."

Si l'on pensait qu'il ne manquait rien, c'est qu'on se tromperait sur la nature même de la création. Pas la nature, la démarche plutôt.

 
J'aime beaucoup beaucoup cet article (grandir? quelle drôle d'idée...)

bisous madame!

 
MangakaDine
MangakaDine
18-02-11 à 13:26

Re:

Le fait que tu parles de ça, ça me fait penser à quelques phrases qu'a écrites un ami à moi en parlant de Chopin. bah tiens, je cite :

"Rencontre avec un homme qui se sentait “inutile” ou plutôt qui, sans arrêt, sans relâche, reposait cette question : “que suis-je venu faire là ?!”

C'est une question qui se pose souvent pour tous ceux qui, un jour, quittent le sentier et regardent ceux qui font tourner le monde la bouche ouverte, les bras ballants comme on voit passer un immense train de marchandise qui ne s'arrêterait jamais. On voit, par les fenêtres, les gens qui s'affairent, on devine des discussions... mais quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise, on ne pourra jamais remonter ! Quelque chose à un instant s'est déréglé, s'est arrêté et la seconde d'après nous étions là, dehors ! Devenus spectateurs !

Et même si de là où nous sommes, nous pouvons tout remettre en question - nous le devons ! - il n'empêche que pas un jour nous ne subissons, avec une justesse cuisante, cette sensation d'être “inutile”, dans le mauvais endroit. A l'endroit où l'on ne sert à rien ! Puisque nous sommes incapables de faire tourner le monde, de construire une maison, d'élever une vache et de la tuer quand l'heure arrive, de semer une graine pour nourrir nos enfants, nous sommes ces “inutiles”. “Inutiles” qui, du coup, ont le devoir de faire que les rails, l'environnement, ce qui n'existe pas dedans, mène l'homme sur la bonne route, l'empêche de pousser son train au point de rupture. En créant des paysages toujours plus singuliers pour qu'il ralentisse, s'octroie une pause, tende ses yeux vers l'horizon, ouvre la fenêtre..."

Quand tu me parles de démarche, de nature de la création, il y a ces manques qui sans cesse renouvellent notre vision mais il y a aussi ce sentiment toujours présent auquel on ne peut échapper. Où peut-on être le plus utile, le plus efficace. Et bien sur, quel est le sens, y en a-t-il.... Ca fait aussi peut-être partie du processus de la croissance, qui sait...

Merci pour l'article, en tout cas.

T'embrasse.

 
ecilora
ecilora
11-02-11 à 21:20

Juste que je trouve ça étrange ou drôlement souriant. Cet état d'esprit qui se propage. "Ce n’est pas que je n’aime pas ma propre compagnie, c’est juste que j’ai toujours été persuadée que les souvenirs se forgeaient à deux, que sans ça, ils ne pouvaient avoir de réelle consistance.". Et finalement, non. Les souvenirs se conjuguent aussi au singulier. Et moi, je les trouve encore plus forts comme ça.
Bonne soirée Dine.

 
MangakaDine
MangakaDine
14-02-11 à 17:39

Re:

Parfois je me dis que si on pouvait vivre ce genre de souvenirs là à deux, ce genre d'instants magiques et de liberté, ce serait le summum de l'intensité. Ce serait un rêve.
Mais après, il y aurait des choses qui ne se vivraient pas. Comme Paulo à Genova. C'est encore une histoire de compromis.

Te bizoute.