Ca m'a un peu retourné le foie quand j'ai aperçu dans les mains de Poubelle ma lettre "pour Maro" (click!) tendue dans ma direction. Un pincement au coeur, même. Zut, elle était restée là. Il ne l'avait peut-être même pas lue....tout ça pour rien.
-"Si, je la lui ai donnée, elle est restée dans son bazar pendant des mois, il l'a sûrement lue, oui." m'assure Poubelle.
Alors je suis triste qu'il ne l'ait pas emmenée avec lui, ou gardée dans ses petites déclarations de fans. Et ouais, je ne représentais même pas cela. Même pas le pire niveau de la femme. Je n'étais rien.
Tout à l'heure, j'ai ouvert ces bouts de feuille pliés en trois. Je me suis rappelée. Qu'est-ce que je faisais pitié à l'époque. Je n'ai pas envie de retomber dans ce piège là. Mais...c'était touchant, malgré tout. C'était si sincère et naïf. Naïf et pessimiste à la fois. C'est vrai, même à l'époque, je ne pouvais m'empêcher d'y croire.
Maro...
Le temps m'est compté, je ne sais pas si l'encre de ce stylo va tenir jusqu'au bout de ces phrases, mais il y a tellement de choses dont je voudrais te faire part, avant que tu n'aies plus jamais l'occasion de les lire...
Je suis encore ici, seule dans ta chambre, à contempler les murs dans le silence. Et je pensais à toi, parce qu'ici, tout est encore à sa place, comme si tu étais toujours présent et que tu rentrais à l'appartement tous les soirs. C'est là que j'y pense. C'est fini. Tu es bel et bien parti et je n'aurai plus jamais l'occasion de te revoir (et le stylo part déjà en couille). Alors là, sur ces lignes, il faut que ça sorte.
Je suis sûre que tu te demandes qui est-ce qui pourrait bien t'écrire ces mots, qui n'ont pas vraiment de sens, tu ne reconnais pas l'écriture. Après tout, je n'ai jamais réellement compté pour toi, au point même que tu ne te doutes pas que je puisse prendre l'initiative de t'écrire. C'est malin, tiens.
J'ai du mal. A zapper l'histoire. T'oublier. Pourtant, toi ça fait des mois que tu es passé à autre chose, tu en as de la chance. Moi, à chaque fois que je me pose sur ce lit, j'y repense. Tu sais, ne va pas croire que je suis comme ça avec tout le monde. D'habitude, je ne me donne pas si facilement aux gens. Et dire qu'au départ, c'est moi qui ne voulais pas...Comment ça a pu dériver ainsi? Le soir je venais te voir, et le lendemain matin je me disais, plus jamais. J'avais l'impression de me faire exploiter, manipuler à ta guise...Mais alors pourquoi je revenais, sans cesse? Et pourquoi j'en redemandais encore?
C'était peut-être de mon côté, qu'était le problème...
Après tout, ce n'était pas que je manquais d'affection, à ce moment là, j'aurais pu choisir n'importe qui...mais non. C'était TOI, un point c'est tout. Et ça m'a bien fait chier. Surtout que je savais que de ton côté, je n'étais pas la seule, et que tu ne pouvais rien me promettre. En fait, je l'ai toujours su, que ça ne rimait à rien, cette histoire. Et pourtant, je m'accrochais, telle une araignée bien visqueuse qu'on a envie de dégager du pied.
Je t'ai aimé, Maro.
Malgré moi, je l'avoue. Je n'ai jamais voulu que ça tourne ainsi. J'étais dépendante. Tu vois, je ne bois pas, je ne fume pas, mais tu étais ma drogue dure. Et évidemment, tu ne m'en donnais jamais assez. Je suis très très vite devenue accro, et ça a dû te déranger un peu d'ailleurs. Après tout, je ne suis pas franchement discrète. Je ne peux m'empêcher d'avoir les yeux qui pétillent quand je te regarde. Bien que, j'essaie toujours de le cacher, faire la fille qui s'en fout...je ne suis pas une très bonne actrice. Pour dire à quel point tu me faisais effet (et merde, ce stylo!), quand tu rentrais dans une pièce, plus aucun son ne sortait de ma bouche, j'avais pas l'air conne après à faire la meuf pensive, tout ça parce que j'arrivais pas à en placer une en ta présence. Et pour la musique, c'est pareil. Tu me coupes tous mes moyens. Pourtant, on peut pas dire que je ne sois pas bavarde mais je ne sais pas...j'étais intimidée...
Toi, de ton côté, ça t'était un peu égal. Tu prenais la vie comme elle venait sans trop te poser de question. Tu avais peut-être raison, au fond...J'ai toujours eu besoin de trop m'en poser. De ruminer en moi-même, de me faire des films. Tu étais mon film. Tu as été beaucoup de choses pour moi.
C'est bizarre, après tout, on n'a rien fait d'extraordinaire ensemble. Et pourtant, pour moi ça l'était. Je ne sais pas, ce sont les sentiments qui font ça, qui rendent tout gigantesque et merveilleux. Je ne peux me résoudre à vivre sans. Et dans mon mal, tu me rendais heureuse. Mon bonheur était dans ton sourire. Dans tes yeux posés dans les miens (dit comme ça, ça fait super cliché). Et malgré qu'il ne se fera pas avec moi, je souhaite que tu vives l'amour. Avec celle que tu auras choisi. Un amour réciproque et harmonieux qui t'aide dans ta vie pas paisible tous les jours. J'aurais aimé t'aider, j'aurais aimé être celle qui t'aurait ouvert les yeux.
Tant pis.
J'ai sincèrement pensé que tu aurais pu être le bon, malgré nos divergences. Que tu aurais pu être celui qui m'aurait fait oublier tous les autres. Mais dorénavant, ce que je vais devoir me résoudre à oublier, se sont toutes ces sensations qui m'auront parcouru le corps, et cette odeur...
...tellement imprégnée, partout.
Maro, ne pars pas. Joue de la musique qui embaume le coeur. Et même si tu es loin, joue, joue encore, n'abandonne jamais. [...]
Et voilà, cette lettre m'est revenue.
Je ne me rappelais pas avoir pu écrire une telle chose, si ouverte dans mes sentiments. Quelle honte mes amis. Quelle honte s'il l'a lue. Et puis sur la lancée, je me suis remémorée la "Lettre d'adieu à un amour perdu" (click!)....et arrivée à l'avant dernier paragraphe, les larmes ont coulé. Comme toujours, quand je tombe sur ce passage, c'est systématique, ça me fait à chaque fois le même effet. Je pleure sur cet espoir que je déverse sur mon malheur. Et l'amour invincible que je tenais, à l'époque. Ca me fait limite du mal d'avoir pu ressentir autant, pas comme aujourd'hui. Pas comme avec les autres, qu'ont-ils de moins que lui?
Maro, je l'aime. Encore.
Je serai toujours amoureuse de son souvenir.
Vous pouvez pas savoir, je ne vous le reproche pas. Mais comme je suis contente d'avoir pu l'inscrire dans mon histoire, ce moment de vie. D'avoir saisi à temps l'ouverture de ce Joueb.
Il ne me manque pas vraiment, au fond. J'avance vers l'avenir. Je lui ai fait une promesse, je la tiendrai. Mes pas ne sont pas grands, mais constants. Et puis peut-être que je n'attends plus l'amour, ce qui me rend désabusée. A moins que je le recherche, toujours plus fort. J'ai dû placer la barre trop haut, c'est pour ça. Je me sens moins vivre. Ou exister pour d'autres choses. Mon corps change, mon mental évolue et je m'éloigne, petit à petit, de l'empreinte qu'il m'a laissée. Je la réutilise, parce que je ne peux pas nier ce qu'il y a au fond de moi. Je l'immite, je fais de l'art avec son image. Et je laisse la vie me guider, abandonnant certaines questions qui m'embrument l'esprit. Parfois j'agis comme le reflet de son miroir, d'autres fois je corrige ces gestes, pensant perdre mon idéntité. Il est moi. Il est dans moi. Il est tout ce qu'il n'aurait jamais accepté d'être. Il est la carotte qui appâte l'âne. Et je suis vraiment âne de l'avoir aimé autant.
Mais je ne regrette pas, je ne regrette rien.
Je pleure, c'est tout.
Commentaires :
Re:
Je ne renie pas le présent. Je dis juste que je le fais avec lui. Il n'y a rien de mal à cela, si l'on continue d'avancer. Cet article n'est pas si négatif qu'il en a l'air. Enfin je crois...
Le saut dans le temps est illusoire. J'ai encore des tonnes d'anciens articles à poster, que je n'oublie pas. C'est juste que j'avais envie d'écrire maintenant, de cette lettre qui m'était tombée sous la main. Voilou.
Bisous.
Etrange coïncidence, c'est le même que celui de quelqu'un que moi aussi, j'ai beaucoup aimé. Ah, les correspondances... Même si je n'écris plus, il y en a toujours, du moins dans ce que tu écris, avec mes petits bouts de vie. Je suis toujours là, Dine, et j'aime toujours te lire.
Re:
Evidemment non, ce n'était pas volontaire. C'est en recopiant la lettre, inscrite de son prénom, que mes mains ont dérapé. Saletés.
Oui, les correspondances, après tout, elles n'ont pas attendues que nous ouvrions toutes deux un blog pour se faire. Ce prénom, pourtant, n'est que moyennement commun, pour des personnes de notre génération. Mais si tu en as connu un, toi aussi, tu dois savoir ce que ça fait.
Au fond, ton commentaire me rassure. Sur ta présence. Je sais que tu es là, je sais que tu passes, mais comme je ne te vois plus, je doute. Pour finalement me dire, je m'étais peut-être trompée.
Mais tu es là, et ça fait plaisir.
Bonne route. :)
j'veux dire ça lui coutait quoi de la prendre ta lettre? Ou alors de la balancer mais pas de te la rendre. Ca fait vraiment looser. Moi je l'aime pas ce maro, je l'ai jamais aimé....
Faut dire depuis que je te connais t'en parle toujours en "mal" ! alors forcément hein !
bon si tu réponds à ce commentaire maintenant j'vais t'engueuler grave, donc tu continue tes révisions et tu réponds plus tard !
Re:
T'as vu, j'ai pas répondu à ton commentaire de suite, hein! Bon....je l'ai lu juste après que tu l'aies posté mais j'ai fait style que je travaillais, pour pas te vexer....Huhuhu, t'inquiètes, je travaille!
Bizzzzzzzzzz! :)
Je me demande comment j'ai pu avoir l'audace de lui sortir d'aussi grosses conneries, mais je mets ça sur le compte de la jeunesse! C'était tellement naïf! Je réalise à quel point j'étais dramatique dans mes sentiments quand j'étais ado, mais aussi à quel point j'ai pu être sincère. Ca a du être véritablement dur pour moi de confier tous ces mots là sur du papier alors qu'en vrai, j'étais même incapable de lui sortir une phrase convenable face à face, sans balbutier ni faire des lapsus à la con. Non, devant lui, j'étais vraiment minable.
Celle là, c'était ma véritable lettre d'adieu avant qu'il ne parte vivre ailleurs. Je pensais vraiment qu'on ne se reverrai plus jamais après ça. Pffff, si j'avais su....
elfiane
Ouh là... Ma puce, c'est pas bien de se replonger dans le passé, je sais de quoi je cause, d'ailleurs...
Mais moi, ta lettre, je la trouve belle...
Par contre, j'ai l'impression que tu nous as fait un gros saut dans le temps pour revenir au présent... que s'est-il donc passé, entre temps?