Ecris le 03.07.05 à 06h15

 Ha là là j'ai honte, j'ai super honte.
J'ai fait ma mauvaise fille, j'ai fouillé dans sa chambre. J'aurais pas dû, hein, j'aurais pas dû. Mais je ne sais pas si je regrette. Ca faisait si longtemps que j'avais envie de le connaître, de le comprendre, encore, jusqu'à percer son secret. Seule, dans la chambre de Maro, j'ai cherché son passé.

J'ai trouvé des trucs affolants.

Déjà, il garde tout. Je me rappelle qu'il avait gardé ma pince(click !) posée sur une étagère de sa chambre, mais il a aussi conservé le bon pour un massage(click !) que m'avait écrit PoD il fut une époque ! C'est grave là, non? Il devrait les jeter, ces machins sans valeur!
Sans valeur...

Par terre, chiffonné, une feuille gribouillée recto-verso. Des esquisses de personnages, des mots parsemés, et cette note :

Je t'aime maraud!
marotte.

Et puis je suis tombée sur son petit carnet de croquis dédicacé par les plus grands. Et à la fin des pages, tous les potes avaient marqué leur trace d'un petit dessin. L'envie m'a prise. J'ai choppé le seul stylo de la chambrée, et je me suis mise à l’œuvre.
Je me suis dessinée. Un corps sans habit, installé nonchalamment sur son lit. Le stylo n'avait plus d'encre, et j'ai dû en baver. J'ai regardé ce dessin que je ne trouvais pas franchement ressemblant (je m'étais un peu arrangée...hum hum), et sur le côté gauche de la feuille, j'ai noté : "Remember..." . Puis j'ai signé. D'une écriture illisible. Pour que personne ne sache jamais. Sauf lui..

Et encore, je n'en suis pas sûre...

Après la commode, j'ai attaqué le bureau.
Les photos n'étaient plus dans le cadre. Je les ai regardées, une nouvelle fois. Chaque fille, quelle qu'elle soit, a cet air qui les rapproche. Ce petit nez en trompette, cette bouche pulpeuse, ce visage rond, de poupée. HaHa Dine, tu es recalée. Mille fois au moins.

Puis je suis tombée sur cette carte étrange.
Faite à la main, avec plein de petites cases à soulever. Signé : ta sœur Juliette.
Juliette? Comme celle du livre (click !), celle avec qui tu voulais te marier? C'est ta sœur.....ou une simple appellation affective? Enfin, grâce a elle, j'ai su que tu avais eu tes dix huit ans en ce 21 *****bre 20**.
Je ne devrais pas trop en dire.
J'air peur que cela soit une atteinte à ta vie privée. Remarque, en cette soirée seule dans ta chambre, j'ai atteins à ta vie privée. J'ai ouvert ce tiroir, celui du bas, ton bric-à-brac de souvenirs. Je n'aurais jamais cru y trouver autant. Au fond c'est vraiment ce que j'aurais espéré découvrir... je ne pensais pas que la réalité se joindrait à l'envie.

J'ai ouvert ce tiroir.
Celui où tu gardais toutes ces lettres d'amour enflammées. De pleins de filles, houla, des milliers différentes qui t'écrivaient sans cesse qu'elles ne parvenaient à tirer un trait sur l'histoire. Il y en a une qui ne t'as connu que deux jours. Et qui depuis, continue de t'écrire, éperdument amoureuse. Et toi, tu réponds à leurs lettres, à toutes, et elles sont soulagées de voir que tu ne les as pas oubliées parce qu'elles, elles ne pensent qu'à toi. C'est fou! C'est fou l'effet que tu fais aux femmes, je n'aurais pas cru ça de toi. Pas à ce point. Certaines notaient qu'elles n'arrivaient pas à te comprendre, que tu étais le "mystère Maro" qu'elles peinaient à résoudre, mais toutes t'admiraient. Ouaouh! Tu n'as pas pris la grosse tête à force de lire que les filles t'admirent et que malgré la séparation, elles ne parviennent pas à passer à autre chose?  Trop de beaux moments partagés à deux, qu'elles mettent. Et toutes te qualifient d'exceptionnel, d'unique, de spécial. Qu'as-tu de si spécial? Je me demande...
Il y avait aussi une lettre de toi, que tu avais sûrement dû renoncer à poster. Une lettre pour une de ces filles mais laquelle? Nulle part n'apparaissait de prénom pour l'identifier. Dans tes mots, j'ai vu l'attachement, j'ai vu l'amour, j'ai vu que c'était possible. Je n'étais pas la bonne, c'est tout.

Je n'ai pas tout lu, parce qu'au bout d'un moment, ça m'a écœuré.
Et puis aussi parce que toutes tes nanas écrivaient 4 pages A4 en tout petit. Du coup, je me suis arrêté au tiers, et j'ai tout rerangé.

Je ne sais pas comment toi, Maro, tu les choisissais, si c'était un hasard, mais toutes ces filles écrivaient vraiment bien, sans fautes d'orthographes et puis, d'une façon réfléchie. Ce n'était pas un vulgaire don de nouvelles fraîches du pays, c'étaient des concessions, avec des sentiments sincères, des paroles sensées, tellement bien dites. Je me suis sentie toute petite à côté.
Alors j'ai moi aussi décidé de m'y mettre.
J'ai arraché deux feuilles de ton cahier de maths, j'ai chopé un crayon(dur dur à trouver!) et j'ai parcouru les lignes. Je t'ai tout exprimé, tout ce qui me passait par la tête. Je t'ai expliqué pourquoi, mais je ne t'ai pas demandé pourquoi. Enfin, pour la première fois, j'ai pu t'avouer mon amour. Avec mes mots, ceux que j'avais choisi sans précipitation. J'ai voulu tout te dire. Tout ce que je pouvais. Moi qui n’arrivait même pas à en placer une en ta présence, t'ai tout déballé sur ces feuilles, que j'ai entièrement remplies. Je ne veux que ton bonheur. C'est aussi ce que j'ai dis. Et que je voulais te rejoindre, moi aussi devenir quelqu'un de grand. Et puis, que je ne t'oublierai jamais. Au fond, je n'ai pas été très inventive, en comparaison des autres. J'ai plié la lettre, l'ai inséré dans une feuille de carnet de croquis également pliée sur laquelle j'ai inscrite : Maro. J'ai regardé longuement ce bout de papier portant ce prénom....et en petit, en haut à gauche, j'ai rajouté "pour". Pour Maro.

J'ai ensuite posé le messager de mes révélations sur la commode noire, entre deux CD de son groupe. Puis j'ai prié pour que ça ne soit pas sa copine qui tombe dessus. Quand il reviendra à l'appart, j'espère qu'il le fera seul. A priori, je regrette un peu mon geste. J'ai l'impression d'avoir fait une connerie. J'ai signé la lettre en plus, et si c'est quelqu'un d'autre que lui qui la découvre, je suis cuite. Mais je m'en fous, après tout, je ne le reverrai jamais. Sauf pour ses concerts.

Et en dernier lieu j'ai recopié un petit texte écrit de sa main, que j'ai trouvé en fouillant les autres tiroirs. C'est assez court et avec très peu de fautes. Juste pour vous montrer quel homme il était.

Mardi matin, c'était pourtant un jour de semaine quand l'idée lui est venue:
- Ca y est, me dit-il, je pars.
Il y avait dans ses yeux le plus beau des bonheurs.
- Tu quittes l'école!
L'école comptait beaucoup pour lui depuis ces deux années.
- Il ne reste plus que trois mois avant le diplome, tu ne vas pas tout gacher maintenant!
- Un diplome, bah, encore un bout de papier qui ne me servira à rien la haut!
- Un bout de papier!
Ca c'était trop, d'abord il quitte son école et puis il appelle un bout de papir ce diplome qui ferait tout de sa vie.

- Les montagnes, l'air, l'eau, une foret où tu respires, qui réveille tous tes sens, et puis ces odeurs...
Il m'a dit mille arguments, plus beau les uns que les autres... Puis j'ai crié, en lui disant que mon meilleur ami ne pouvait pas faire ça...j'ai utilisé des mots comme sous, richesses, maison...

Maintenant je suis là...incapable de pouvoir imaginer la beauté. Au XV étage du gratte-ciel mon but(pas sure du mot) me parait si gris. Je suis viré...

...et en bas, a droite de la page, en raturé
Il avait peut-être raison.