Ecrit le 30.07.07 à 00h30
[Après un mois de silence, du soleil, des voyages, des souvenirs, des rencontres, et l'épisode Manuel inoubliable narré ici, ici, ici et là]
Je n’ose pas décrocher de l’ordi, de peur d’y penser. Et pourtant, je peux regarder les vidéos que je veux, en japonais sous titré anglais, je rate la moitié des phrases, parce que je n’ai pas le cœur à ça.

Il a répondu à mon message trois heures après. C’est pratiquement un record pour lui. Il ne revient pas dans la semaine, il reste en Corse jusqu’en septembre parce qu’il y a trouvé du travail, par hasard. Et moi qui espérais tant le revoir…. Blond, j’avoue, je n’ai rien dit, mais qu’est-ce qu’il peut me manquer… Un mois sans lui, un mois… Je me voyais déjà devoir trouver des occupations toutes les journées, pour me forcer à oublier qu’en août, on devait peut-être, enfin, j’avais le projet secret que l’on se réserve quelques jours rien que tous les deux. Et là, c’est sûr, je lui aurais fait chavirer le cœur….

 « Appelle quand tu veux… »
Quand j’ai vu ces mots à la fin de son message, j’ai pris mon téléphone, sans réfléchir. J’ai entendu sa voix, j’étais toute bête avec ma compote pomme framboise à la  main, à essayer de dire des trucs intelligents et de manger en même temps. Je n’ai pu qu’acquiescer à ses phrases, m’amuser de ses péripéties, jusqu’à entendre son habituel :
-« Arrête de rire bêtement ! »
-« Mais c’est plus fort que moi ! »
Qui m’avait peut-être manqué lui aussi, dans le fond.

Le plus bizarre j’imagine, ça n’a pas été qu’il me parle avec gentillesse. C’est plutôt quand il m’a invité à venir à sa rencontre, en Corse.
-« J’ai le droit de loger quelqu’un dans ma chambre… »
Moi qui me rappelle l’année dernière presque à la même époque, la seule fois où, vraaaaiment parce qu’il y était obligé, il a dû m’héberger chez lui….il avait deux lits dans sa piaule mais il m’a montré la chambre vide de sa sœur, avant de s’enfermer à clef tout seul dans la sienne.
-«  Bonne nuit ! »
J’avais entendu de derrière la porte.

Les temps ont-ils autant changé ?

-« Bon et toi alors, t’avais pas plein de choses à me raconter ? »
-« Bah, disons que je pensais plutôt t’en parler en face…mais ça risque d’être compromis… »
-« Tant pis ! En plus là j’ai le bouquin d’Harry Potter qui me fait de l’œil depuis tout à l’heure, et toutes les boites de Bonifacio que j’ai pas encore visité… »
-« Ca va, ça va, je te laisse tranquille ! »
-« Tu payes moins cher le téléphone avant minuit c’est ça ? »
-« Je paye pas du tout, même. »
-« Super, tu vas pouvoir m’appeler tous les jours alors ! »
-« Heu si tu veux… »
-« Et comme ça, peut-être que tu pourras me raconter, petit à petit… »

J’ai l’impression de rêver. J’ai l’impression d’être retournée un an auparavant, sur ce chemin qui le menait à son arrêt de bus (click !):
-"Pfff c'est bidon, hier et aujourd'hui je te raccompagne mais je me fais arnaquer, mon bus est loin, on fait que marcher et du coup on parle pas! C’est nul!"
-"Bah les deux premières fois ok c'est nul, mais p'tetre qu'au bout de la dixième fois ce sera bien!"
-"Parce que tu crois que je vais t'accompagner encore? J’ai surtout l'impression de te quémander des moments de ta vie, et ça m'énerve"
-"Bah écoute, pour l'instant en tout cas, ça marche..."

Je veux qu’il m’aime. Je veux qu’il m’aime. Je veux qu’il m’aime parce qu’il est en train de m’aimer. Et tant pis si pour lui la considération suprême qu’il peut attribuer à quelqu’un se fait sous le gage de l’amitié. Je le ferai m’aimer en tant qu’ami et regretter de ne pas en avoir plus. Mais peut-être qu’il n’aura pas à regretter. Peut-être qu’il s’est ouvert l’esprit pendant ces vacances et que ça lui a soudain paru comme une évidence. J’aimerais au moins pouvoir lui manquer.

Blond, c’est fou comme je peux te désirer toujours autant. C’est pour moi un réel bonheur. Ce n’est pas malsain. Et si on pouvait partager quelque chose, rien que tous les deux… Et si, cette fois-ci, j’avais le droit de me mouvoir dans un lit près du tien, à défaut du reste, et qu’on puisse à nouveau parler des heures de propos rocambolesques, à avoir une tronche de déterrés le lendemain. Et alors c’est sûr hein c’est sûr, on pourrait s’aimer encore plus, et on serait les seuls à savoir. Ma proposition tient toujours. Je pourrais t’apprendre des choses, si tu le veux. Mais finalement, c’est à se demander si on n’apprend pas plus en restant juste comme ça. Tu sais, incertains.

Aujourd’hui, je suis capable d’être heureuse en te parlant de quelqu’un d’autre. C’est un pas en avant, en soi. Et si je t’aime, je ne sais pas ce que je veux, et ce que je suis prête à abandonner pour se faire. Alors, quant à penser à ce que tu pourrais bouger de ton côté….on n’en est toujours pas là, hein ?

C’est pas grave, j’attendrai.
Puisque je ne sais faire que ça.