Ecrit le 17.12.11 à 18h25
Avant-hier après-midi, j’avais toutes ces heures à tuer jusqu’au soir. En déambulant sur les trottoirs, j’ai composé le numéro de Poubelle, puis Ray. Histoire de passer le temps avec qui peut. Répondeur. Alors en troisième choix, et c’est surement parce que je remontais la rue de son ancien appartement, j’ai appelé Eden.

Il a décroché au bout de deux sonneries, je me suis introduite d‘un « salut, c’est Dine » il a répondu « oui oui, je sais, c’est marqué », - « ah, tu n’as pas effacé mon numéro de téléphone alors ». C’est que je ne savais plus vraiment, depuis combien de temps. Un an surement sans se voir. Et bien trois ans sans réellement se parler. Je lui ai demandé s’il était occupé là, tout de suite. Il m’a répondu qu’il était plutôt libre mais à mobilité réduite, la cheville foulée. Et il m’a invitée chez lui.

Je ne me rends pas compte. Retrouver Eden, et recommencer là où on s’en était arrêté, comme si c’était hier, les discussions interminables, se confier durant dix heures sans trouver le sommeil, ou disons, le courage de dormir, s’abandonner aux rêves, se quitter des mots, c’était si enrichissant, comme à l’accoutumée, lui et moi par l’esprit, on tient quelque chose de précieux qu’on avait oublié. Il a résolu 15 ans de douleurs au poignet en trois minutes et je suis si gourmande de ses conseils. Il me fascine, me montre des chemins que je n’envisage pas, et c’est carrément réciproque. Je comprends que pour lui, je représente dans ma manière de vivre et ressentir un inconnu à atteindre, à expérimenter.

Il a changé. Il n’est plus cet homme empreint de séduction dangereuse. Qu’on ne peut s’empêcher de regarder, et qui nous hypnotise. Il sort de quatre ans de relation censée à la base ne pas durer plus de quelques mois avec cette Priscilla, toujours la même, toujours les mêmes problèmes au départ qui ne peuvent que demeurer les raisons de la fin. Il a perdu confiance. A arrêté de tricher, et le ressent, dans son contact avec les autres, devenu inexistant. Il n’est pas plus personne. Mais n’est plus que quelqu’un.

Au moins, tient-il quelque chose de réel en main. Son être. A définir. Pour enfin ne plus être l’image de celui qu’il voulait paraitre. Il m’a avoué avoir menti sur lui. M’avoir raconté des salades sur ses expériences et capacités en matière de sensualité. Qu’il était novice. Qu’il ne s’était intéressé que peu à ça, que ça ne lui était ni naturel, ni familier. Avoir construit un modèle de type parfait qu’il n’était pas. Pour plaire. Et que depuis qu’il y avait renoncé son entourage s'était détourné de lui et qu’il se sentait seul.

Ouaw. La claque.
Eden le morveux, en face de moi.

J’en ai profité pour lui déballer le sac de toutes ces phrases restées en travers de la gorge, de mes désillusions, de ses ambiguïtés, de ses incohérences, de mon côté propre de l’histoire. C’était nécessaire, je crois. Puis, ayant crevé l’abcès des rancœurs, je me suis permis de m’éprendre à nouveau de son être renaissant.