Ecrit le 30.12.05

Lettres Anonymes
Lettres Persanes
Ou lettre en La mineur
A Elise
Lettre ouverte aux juges
Qui dit j'Accuse
Les mots vont parfois plus loin que les lignes...
Sur les murs des cités ghettos
Sur les murs tagués de Lascaux
C'est toujours les mêmes signes...

Et j'ai rêvé. Qu'il.
Dans la campagne et les prés. Les chemins sinueux et les gens qui fêtent. La vie.
Il était venu, accompagné de ses demoiselles. Le Maro.
Encore. J'étais étonnée. Il n'y avait aucune raison à ce qu'il apparaisse ici. Je veux dire, dans ce rêve.

Il voulait me parler de quelque chose. Cela se sentait à sa façon d'agir. Il manipulait les autres afin que nous nous retrouvions seuls. Lui et moi.
Et le moment venu, au beau milieu des chants, des farandoles, de la fanfare, on s'est éclipsé. Il m'a sorti ce bout de papier qu'il a agité de la main :
-" Qu'est-ce que c'est, ça?"
C'était ma lettre (click !). Elle était écrite au stylo rouge, cette fois. Je me rappelle cette phrase de Ryne. « Il parait que le rouge n'est pas poli. » Peut-être.
J'ai ris. Me suis moquée de ce bout de papier :
-" Oh ça? Une erreur de jeunesse! Je ne pensais pas que tu la garderais, tu aurais dû la jeter depuis longtemps!"
-" Pourquoi?"
A-t-il répondu, étonné, avec ce petit air de dédain mêlé à l'indignation.
Eh bien...je ne sais pas. Parce que cette lettre reflète l'idiotie même de mes sentiments, de mon non-discernement et de ma folie. Sur un coup de tête, je n'ai pas pensé aux conséquences et répercutions et puis...tout ça est loin et dépassé et j'avoue moi même...n'avoir pas été très intelligente. Alors...tu peux t'en moquer....si tu ne l'as pas déjà fait en lisant toutes ces bêtises.
-" Non, je n'ai pas ri. Il n'y a pas à rire de ces choses là, vraiment."
Il était sérieux lorsqu'il a dit cela. Impliqué, même. Peut être qu'au fond, ça l'avait touché.
Un peu.

Ca me rappelle il y a environ deux mois, dans la vie réelle. Lorsque l'on s'était rencontré, à un de ses concerts. Qu'il m'avait demandé si je restais pour la nuit et que j'avais alors balancé sur un ton légèrement ironique et blasé :
-" Eh oui… Tu vas encore avoir à me supporter toute la soirée! Je vais te coller, maraud."
-" Cool."
-" Pardon?"
J'avais dû faire une tronche si bizarre qu'il avait de suite explicité ses propos :

-" Ca me fait plaisir....que tu restes ce soir. Alors...continue de me coller, s'il te plait."

Le choc que ça m'avait fait, quand j'avais entendu cela.
Même si au fond, on sait qu'il ment. On sait qu'il veut cette chose qu'il aura sans doute. Parce qu'il n'agit jamais sans intérêt. Parce qu'il sera toujours un enfant gâté.
Mais on lui pardonne, malgré tout. Parce que c'est Maro.
Parce que c'était moi la conne la première. J'avais qu'à pas tomber amoureuse de lui. Et...
Ca m'a fait bizarre de le revoir dans ce rêve.

Peut être m'annonçait-il qu'il venait de tomber dessus. Par hasard, dans ses cartons pas encore déballés. Un bout de feuilles pliées, puis écrit au stylo : Pour Maro...

Je ne le saurais sûrement jamais.
Comme je n'aurais certainement pas de réponse de Mambo(click !) non plus. Même si j'ai l'intime conviction que ce dernier a lu mes mots lui étant destinés.
Avec le plus grand soin...
Avait-il ajouté.
Alors, il ne peut pas avoir manqué d'attention. Il a dû s'y pencher en prenant son air sérieux, comme s'il révisait un bouquin et...me prendre pour une pauvre fille qui s'attache si facilement. Je dois faire pitié.
Pourquoi est-ce que je persiste à vouloir exprimer aux autres ce que je ressens?

Ha là là, quand j'y songe, je me dis...
Heureusement qu'il y a lui.
Mon Jules. C'est le seul. Il a tout compris. Parce que...
C'est lui qui m'envoie des lettres.

Oh, pas grand choses, des petits riens. Juste pour signaler que quand il est loin, il pense quand même à moi. Et ses cartes bordées de petits angelots, car il dit qu'il a rencontré un ange. C'est si vieillot, si cliché...si romantique. Et ma mère qui me lance ce soir, au dîner :
-" Je ne sais pas....j'ai l'impression que c'est parti pour un long moment, avec Jules."
Ce qui m'énerve avec ma mère, c'est qu'elle ne se trompe que très rarement alors...
...je ne veux pas m'avancer.
Même si effectivement, c'est parti pour durer.
Pour une fois que j'ai vraiment la sensation d'être. A lui et moi. Un couple. Sans apparences trompeuses. Même s'il n'y a jamais absence totale de failles. Même s'il y a le passé, qui ressurgit de temps à autre, dans les rêves. Même s'il y a ces lettres. Pour nous rappeler qu'avant, il y en a eu d'autres. Des bons et des mauvais. Des moments. Des mots. De l'encre écoulée. Des larmes. Comme des sourires. A partager, sans concession. A lui offrir. Celui qui les acceptes, enfin.
Mes sentiments.