Ecrit le 30.06.06 à 01h05
Je me suis remise à peindre.
J’avais en tête ce tableau tiré d’une de mes photos de Poubelle et Gourou depuis fort longtemps, mais il n’a pu se concrétiser que grâce à ses attentes. Grâce à ses mots, qui un jour sont venus à moi :
-« Tu me feras un dessin, dis ? »
-« Si tu veux…un désir particulier comme sujet d’esquisse ? »
-« Non…je veux juste quelque chose que tu as dessiné avec ton cœur. »
Donc forcément.
J’ai ressorti les vieilles gouaches, les crayons Caran D’ache et un Canson format raisin. Et j’ai peint en pensant à lui. A tout l’amour que j’aimerais lui donner.
Je relisais d’anciens textes à moi et j’étais fort émue. J’en viens encore à me demander : comment était Dine à l’époque de Maro ? Etait-ce si différent d’aujourd’hui ?
« Je ne peux pas vraiment affirmer que j'en suis amoureuse, je suis très prudente à ce sujet...mais sincèrement, j'ai pensé qu'avec lui, j'aurais pu faire un bon bout de chemin sans douter de mes sentiments. Oui, c'est un effet du style. On se blottit dans ses bras et on se dit que dans ces bras là, on se sentirait bien de s'y blottir toujours. Et puis on pense avec plein d'espoir : "c'est lui ! ça pourrait être lui !" Et au delà de la raison, il n'y a pas d'explications logiques à cet état de faits. On a pour habitude de ne pas céder au cas où l'on se tromperait. D'attendre qu'il soit le bon. Mais en fait, ça ne se fait pas si progressivement que ça en a l'air. Ca peut prendre du temps, certes, mais quand ça vient, quand on sait que c'est lui, c'est une révélation, ce n'est pas progressif, ça ne se transforme pas en amour, ça l'est. C'est incontestable, au fond de son coeur. Je ne parle pas pour tous les cas de figure, moi je connais encore rien à la vie....je parle du plus fort sentiment qu'il m'ait été permis d'éprouver. Ce que j'ai éprouvé pour mon Ex, et ce que je crois.......non, ce que j'éprouve pour Maro aujourd'hui. Bizarrement, ces émotions sont très similaires et j'arrive à les reconnaître quand elles me viennent, comme une impression de déjà vu qui me met en garde :
"Dine, fais gaffe.....tu t'enfonces..."
C'est tellement rare de trouver quelqu'un capable de partager notre sentiment qu'au final...ça n'étonne même plus de savoir qu'on l'éprouve seul. C'est même la situation la plus courante en fait. D'ailleurs, en ayant pris conscience de cela, on devrait rapidement passer à autre chose. Mais c'était sans compter cette petite voix au fond de soi qui ne cesse de nous rabâcher des " patience....il peut changer....il va s'en rendre compte..." et qui fait que l'on ne peut décrocher. Qu'on ne peut se résoudre à laisser tomber. C'est si fort, si puissant! Si violent de bons sentiments ! Pour une fois qu'on avait rencontré quelqu'un pour qui on aurait déplacé des milliers et des milliers de montagnes.....
...Nous, les gens si faignants lorsqu'il s'agit des autres.
Pour une fois qu'on aurait pu......
Pour une fois que j'aurais pu vivre...en sachant qu'il m'attend. » (cf. : Pour une fois)
Je suis con hein. Je suis con d’essayer de trouver les mots alors que tout est dit dans mes précédents articles. J’avais raison, au moins sur ce point. Mais alors, ça veut dire que j’étais lucide à l’époque…c’est toujours ça. Ca ne fait qu’un an, après tout. C’est pas comme si on pouvait parler du bon vieux temps.
« Pffff...désespérée au point de ne poser les yeux sur lui que quand il les a fermés.»
(cf. : Questions et déceptions)
J’ai toujours cette impression que tout a été beau et parfait une fois que c’est fini. Cette phrase me touche tellement.
« Pffff...désespérée au point de ne poser les yeux sur lui que quand il les a fermés.»
Au moins, aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir aimer Blond presque ouvertement. Je ne m’en rends pas compte sur le moment, mais c’est tellement important, de ne pas renier l’amour. Poser les yeux sur l’homme que l’on désire, sans avoir à détourner le regard, de peur d’être trahie ou punie.
Et même à l’époque, en plus des sentiments, il y avait les mêmes conflits :
« Cet homme est imperturbablement fort. Il faut qu'il me donne des cours, c'est urgent. Qu'il m'apprenne sa méthode. Moi aussi je veux obtenir ma maîtrise en manipulation amoureuse. Je veux pouvoir contrer les attaques, faire la fille qui n'en a rien à foutre. Moi aussi je veux jouer. Entrer dans la danse. Parce que le mieux, quand même, c'est de jouer à deux, tu ne trouves pas Maro? Je vais te dresser, il va bien falloir un jour te remettre en place. » (cf. : Miracle...éphémère? 3)
Et c’est marrant, mais si j’avais rencontré Blond à cette époque, il ne se serait peut-être même pas attardé sur ma personne. C’est définitivement Maro qui m’a faite et m’a rendue forte. Qui m’a appris les parades et donné le goût du jeu. Mais surtout, l’envie de gagner. Je crois que ça a été bénéfique de l’avoir comme professeur, miroir des hommes. En lisant ce passage, j’ai eu envie de le montrer à Blond. De lui dire, voilà, c’est comme ça que j’en suis venue à jouer avec toi. Lui et moi, on a vaguement parlé d’écriture, de nos textes mutuels. Bon, on s’est envoyé bouler mais j’aimerais lui faire lire peut-être, un jour. Au moins mon amour pour Maro et ce qu’il a été.
J’essaie de me prendre en main, faut pas croire. J’essaie de faire en sorte que tout cet amour ne dépasse pas l’entendement. De ne pas être passive autant qu’avant, autant que ça :
« Je suis de ces filles qui se font piétiner par l'amour. Qui font la queue pendant des heures et qui se laissent doubler par toutes les autres. Une fille à qui on dit :
"Désolé, on est en rupture de stock".
Ou encore :
"Vous n'avez pas l'âge requis pour cette demande"
"Votre correspondant est occupé, veuillez rappeler ultérieurement"
"La date de validité de votre carte de fidélité est expirée"
"Cette machine ne rend pas la monnaie"
"Je ne veux plus qu'on se voie"
Je me fais des films. Je me fais des films. Oui c'est ça, je me fais des films. N'y pense plus. Ca n'arrivera pas. Ni aujourd'hui, ni demain. Je n'entendrai pas ce mot de ta bouche. Tu partiras avant.
Je veux te revoir. Je n'en peux plus que tu te barres sans demander ton reste. Je veux être ton reste. Je veux que tu restes.
Je vais attendre. » (cf. : Monologue de la pensée)
Maintenant, c’est ce que l’on me reproche. De ne plus assez attendre. Il faut savoir ce que veulent les gens, hein. Merde, je ne veux plus attendre, je veux aller de l’avant, au risque de moi-même provoquer la phrase que je redoute du plus profond de mon âme. Je ne veux plus qu’on se voie.
« Poubelle, sur certains points, m'a ouvert les yeux. Il est possible que Maro me respecte plus que je ne le croie et qu'il agisse mal en conséquence : il ne veut pas que je m'attache. Il n'a pas compris que c'était trop tard. Que j'étais enchaînée comme un boulet à lui, par mes sentiments. C'est une torture constante, je n'arrive même plus à douter de ma capacité à l'aimer. J'aimerais pouvoir me poser des questions. Me dire que ce n'est peut-être qu'une simple histoire de cul. Allons donc... » (cf. : Sous l’armure...)
Putain, je devrais penser à me relire plus souvent. Mon passé m’éveille sur le présent. C’est donc cela, le problème : « C'est une torture constante, je n'arrive même plus à douter de ma capacité à l'aimer. »… Quand on ne doute plus, c’est qu’on ne peut plus rebrousser chemin. Et c’est ce qui est en train de m’arriver. Je commence à être sûre de mes agissements et choix. Je file du mauvais coton. Il faudrait que je pense à douter, un peu. Pas de lui, mais de moi. Il faudrait que je regarde les autres. Que je me pose des questions quand Jules me sert dans ses bras. Je ne sais pas, au moins me dire « tiens, je ressens encore des trucs » quand il m’embrasse dans le cou tendrement. Je voudrais me forcer à l’aimer, Jules. Au moins pour lui rendre tout ce qu’il me donne, même en tant qu’ami. J’ai essayé….mais je n’y parviens pas. Le seul que j’ai en tête…
Blond, c’est totalement paradoxal, je n’arrive même plus à visualiser nettement son visage. Et pourtant, il m’obstine. Lui et sa figure floue. Comme ses sentiments.
Plus les miens.