C’était aussi le retour seule sur Paris, pour la correspondance. La rencontre (click !). Je ne vais pas vous dire que ça n’a pas compté. Ce serait manquer de respect à Blues et minimiser mes faiblesses. Je ne sais pas pourquoi je fais ça. Au début ça part d’une intention innocente. Mais après. Et danser sur les notes virevoltantes, dans ce monde étranger, ces grandes salles pleines d’instruments de musique, de musiciens. C’est peut-être ça qui m’a donné cette impression de flotter, me sentir bien entourée de piano, de Schubert et de ce type qui me donnait la main dans les tunnels du métro parisien. Comme si rien, comme si c’était normal.
Mais ça ne l’était pas, normal. Son sourire non plus. Et tout ce que cela implique.
Au bout d’un moment, fallait bien recoller les morceaux. C’était l’été le désir qui montait les dernières chances à saisir. Avec Blues on s’est créés des rêves, des buts à la con à franchir les yeux bandés, ça commençait par l’Italie. Sa vieille bécane qu’il avait laissée à l’abandon lors d’une de ses virées solitaires, fallait qu’il la retrouve quelque part dans une autre ville, la fasse démarrer, la ramène, la répare. Il en a mis du temps. Le jour J était arrivé qu’elle nous avait planté la veille. Je l’ai pensé très fort, on va partir avec ça ?! Ce truc qui tient pas debout plus de trois minutes ? Mais on va tous crever. Puis en même temps, j’en crevais déjà. D’impatience. D’envie. L’Italie c’était mes racines, mes ressources, dans mes veines. Le côté baroudeur ça venait plutôt de lui. Moi au final j’ai juste choisi la destination et ai participé aux lubies bizarres de Blues. Parés de nos plus beaux sacs qui tombaient en lambeau se déchirant les coutures sous le poids contenu et notre tente qui n’a pas tenu un jour elle non plus, on est monté sur sa 125 fraichement pseudo remise en l’état, des bagages qui débordaient de tous les côtés, on était lourds, lourds mais de toute manière impossible de rouler à plus de 90 si ce n’était pas à 60. Le premier jour on a roulé plus de 8 heures à s’en démembrer le coccyx (notez le non sens) et ce n’est que vers 10 heures du soir qu’on a pu enfin apercevoir ITALIE sur la route. La nuit est tombée, l’orage aussi, on s’est dit chouette on va planter la tente dans l’eau et se prendre la foudre mais d’abord faudrait chercher un endroit où dormir. Le camping sauvage j’avais jamais pratiqué et ça nous a réservé quelques belles surprises. Le challenge c’était d’aller jusqu’à Rome et revenir en 11 ou 12 jours. En vrai il nous en aurait fallu 20 peut-être. Au final on a fait demi-tour un peu après Livourne et on a plus joué les critiques gastronomiques que les aventuriers de l’enfer. C’est pas notre faute. Chaque paysage traversé nous donnait envie de s’arrêter l’admirer un peu. Je me rappelle des sensations du soleil brûlant ma peau, des odeurs de sel, de pins, des saveurs, la cuisine italienne à tomber par terre, l’accent des italiens à tomber à leur pied, la lumière, les herbes folles, les vagues aussi, les petits coups de frayeur, les petites entorses au règlement, les nuits pleines d’étoiles et personne pour nous observer. Je l’ai aimé. Comme je l’ai aimé durant ce temps là. En imbécile que je suis-je ne l’ai pas écrit (click !). Bientôt j’aurai oublié à quel point ce voyage m’aura laissé des traces et des couleurs au fond des yeux.
Je n’ai peut-être jamais parlé ici de ce voyage de novembre avant d’y être ( c-l-i-c-k ! !). Pourtant, cela faisait un an que j’essayais de réunir la somme et souvent je piquais des crises d’angoisses à l’idée de ne pas pouvoir partir. Je voulais y aller, à tout prix. J’attendais ce moment depuis petite, ce pays, cette culture qui m’avait toujours fascinée. Je collectionnais les mangas dans ma chambre, les dramas asiatiques, j’aimais les mêmes idoles, la même musique, les mêmes coutumes, je voulais me projeter dans les rues comme dans un bon dessin animé et imaginer les répliques, les retournements de situations, les interactions avec ces gens qui ressemblaient tous à des personnages de mangas hauts en couleur. Je voulais, alors j’avais d’autant plus peur que ça ne marche pas, que je ne puisse pas décoller, jusqu’au dernier moment. Le Japon. La ville de Tokyo, les montagnes de Takayama. Les gens se baladant dans la rue tous déguisés pour Halloween. Les yakusas. Les bains chauds en extérieur avec vue sur l’altitude, les yukatas. La nourriture exagérément haut de gamme. L’hôtel haut de gamme. La chambre haut de gamme.
Et ce type. Tellement, tellement haut de gamme.
Les coïncidences incroyables. Comme une impression d’évoluer à l’intérieur d’un film asiatique aux amours lentes. Beaucoup de métaphores pour illustrer les sentiments qui ont pris naissance là bas. Les feuilles rouges et mordorées frissonnantes. Le son paisible du vent qui donne du mouvement à cette grande nature et puis la neige, douce et pâle qui fige et repose les sens en ébullition. J’ai rencontré des êtres incroyables, une vie qui me plait. J’aimerais tellement y retourner. Parce qu’à Tokyo j’ai à peine eu la sensation d’exister pleinement qu’il fallait déjà plier bagages et repartir. Je le sais, je n’aurais plus l’occasion de le revivre ce voyage. Mon Bresiliao il était là pour que l’on se croise une seule fois. Une fois à répétitions, mais une fois une seule. Je me rappellerai toujours de ces lumières clignotantes, les grandes images de mes idoles, cette folie bouillonnante et moi au milieu qui cherche quelqu’un, quelqu’un à aimer. J’avais le pas pressé mais la joie au cœur qui montait à mes tempes, je n’oublierai pas, ces arbres rouges, ces gens marrants et chaleureux, cette langue si lointaine et ces manières qui me forçaient par réflexe à me courber devant eux moi aussi. Je les ai tous aimés. Et tous les jours, je pense à repartir. J’attends l’instant propice, je me prépare, j’en démordrai pas, c’est là bas, il y a ce quelque chose que je cherche et je compte bien le trouver, même si ça prend deux ans, trois ans et que ça met en péril la moitié de mes projets j’irai. Je prendrai en photo le bonheur. Je l’exposerai ici, comme un tableau de chasse, un trophée, une conquête. Je serai fière.
Peut-être même que j’aurai compris et que je n’en ferai rien. Au fond, qui sait.
Qui sait ce que je cherche.
C’était en 2009.
Commentaires :
Re:
Le côté baroudeur impro ça dépend des fois et des saisons.
J'ai déjà envie d'y retourner. Partout partout. Paris ça me fera déjà un début de mini voyage. Et puis Madagascar....la chance! Y'a une raison particulière à la destination?
Au fait, Blues est parti en train avant moi sur Paris. Il nous fera l'honneur de sa présence, donc. :))
Bisous la belle!
Re:
Mais j't'ai eu en direct live.
Tu me manques déjà, tu sais.
Non, t'as juste pas écouté ! loul
Voyage humanitaire, construction d'un collège, jeunes en difficulté, mômes qui crèvent la dalle... bouh snif voila je chouine !
Jolie curieuse =)
LiliLou
Joli bilan, je n'ai pas eu de vacances.
Les jolis moments et les sensations, ça donne vraiment envie !
j'aime assez tes non sens la plupart du temps (même tout le temps me semble)
Et aussi le côté baroudeur, impro, on file cheveux au vent.
Putain j'veux voir du pays !! (même des!)
Madagascar pour juillet. =)
J't'embrasse la chanceuse en amour.