Ecrit le 16.03.12 à 02h05
Je me rappelle, il m’avait applaudie.
Ca avait commencé comme ça, après une arabesque de Debussy, il avait doucement frappé dans ses mains, un petit sourire bienveillant en coin. On ne se connaissait pas. Je n’avais aucune idée de ce type exécrable qu’il était, encore moins de cette fleur immense et rare qu’il m’avait offerte en daignant m’applaudir. Il avait été le seul. Et surtout, celui qui n’aurait jamais dû, celui qui déteste reconnaitre le talent des autres.
Après ça, j’en suis tombée amoureuse. Eperdument.

Blond.

L’homme de ma vie.

J’ai rêvé de lui cette nuit. Ca faisait si longtemps. On se retrouvait après des années de silence, un peu par hasard et c’est ce sentiment bizarre qui me marqua profondément lorsque j’ajoutais, la main sur la sienne « tu vois, après toutes ces années, ça prouve qu’on peut encore être bons amis ».

Le jour même j’apprends que la date du mariage est fixée à mai.
Blond se marie. Pour de bon. Ca n’a plus la forme d’un cauchemar semi rêvé.

C’est bien réel. Et j’ai beau visualiser ce temps qui est désormais derrière moi, imaginer qu’il s’en est créé des gouffres qui nous séparent le seul gouffre que je vis au quotidien c’est celui de mon amour pour toi, sans fond sans fin sans espoir de trépas, j’aurais préféré mourir peut-être, que continuer à chuter sans savoir quand, quand est-ce qu’arrive mon heure. Je t’ai aimé Blond. Putain, tu sais pas à quel point.
Bientôt sept ans et je ne peux toujours pas empêcher mes larmes de vouloir couler à l’entente de tes noces. Des cadavres d’espérance.

« " J’ai un moule adéquat à son amour, je vous dis. Allez, 3 ans et il aura trouvé le moyen de pouvoir couler son âme dedans. 5 ans, maxi. C’est quoi 5 ans dans une vie, bordel ?"

C’était il y a un an. Seulement un an. Que les jours semblent longs quand on les passe à l’attendre. Parfois j’oublie. Alors je ne sais plus pourquoi j’ai l’impression de vivre avec quelque chose en moins. Mais en fait c’est lui le manque, c’est tout.

Ca fait un an que je survis avec ce rien dans le cœur. Et pour combien de temps encore ?
Encore combien de temps vais-je devoir me mentir ?
Je ne pensais pas cela si douloureux, se contenter de respirer sans cesse dans l’espoir d’un ailleurs. Exister pour de faux, parce que pour l’instant c’est le brouillon. C’est ce qui n’a pas lieu d’être. Parce que la vraie vie commence lorsqu’il revient sur ses pas.
C’est ce que je croyais.

En tout cas, c’est ce qui était prévu.
J’observe aujourd’hui l’ampleur débile que peut prendre une intime conviction. »　　
(cf : ici)

On vient d’entamer la cinquième année. C’est foutu n’est-ce pas. Je me suis plantée sur toute la ligne. Parce que la vraie vie commence lorsqu’il revient sur ses pas. Et qu’il ne reviendra jamais. Je suis condamnée à faire avec. Ce vide qui ne cessera jamais de ne pas vouloir se remplir. Parce qu’il l’attend. Comme un chien fidèle qui a perdu son maître. Il l’attendra jusqu’au bout, sans comprendre qu’il y a eu une mort.
Et qu’il faut en faire le deuil.

Libérez-moi de cette peine invisible qui m’abat, s’il vous plait, l’enfer du recommencement, de l’émoi invincible alors que merde! Lâche-moi bon sang. Va embêter quelqu’un d’autre. T’en as assez fait cette fois-ci. Cette histoire est moisie. Tue-là s’il te plait. Tue-là pour moi qui suis trop débile pour comprendre. Pourquoi je l’ai autant aimé. Pourquoi lui, si fort. Pourquoi tous ces rêves, et pourquoi tant d’erreurs.

Pourquoi.